La Ferme de Johan Baland - La Goutte du Gad Bourgeois

Description
Administrateur de Terres Vivantes depuis 2024, Johan Baland est assurément un pionnier de l’agroécologie. Il a mis en place un système très résilient et évolutif.
En 1993, lorsqu’il reprend la ferme familiale initiée par son arrière-grand-père, il décide de se spécialiser dans les grandes cultures et de progressivement diminuer l’élevage jusqu’à l’arrêter complètement. Un changement de cap motivé par la volonté de développer la culture de pommes de terre, de betteraves et de légumes.
Mais au fil des années ainsi que du développement de nouvelles pratiques et connaissances, Johan va changer de regard. Adepte du non-labour depuis près de 30 ans, une démarche débutée avec son papa, Johan constate l’effet néfaste sur le sol de certaines cultures. Qui plus est, la façon dont le marché évolue lui plaît de moins en moins. Il ne se retrouve plus dans les relations avec les marchands, dictées par les contrats. D’autres éléments viennent s’ajouter à sa réflexion. Le climat se dérègle et il devient essentiel d’adapter la rotation. Et puis, le projet de sucrerie coopérative lancé à proximité de chez lui capote. Enfin, alors qu’il fait attention à sa santé et est très sportif, comment encore cultiver des betteraves qui seront transformées en sucre ?
Au moment de la crise du covid, Johan prend sa décision : c’en est fini des cultures de betteraves, de légumes et de pommes de terre. Pour cette dernière, il ne fonctionnera plus qu’en location à petite échelle.
Johan mise sur une rotation plus diversifiée (froment d’hiver, orge brassicole, maïs, soja, avoine, féverolle et vesce pour les semences, prairies et colza) et décide de prendre la main sur ses ventes. Il ne veut plus fonctionner sur base de contrat. Ses productions sont donc vendues en direct et en fonction des opportunités. Il développe surtout sa marque d’huile de colza, la Goutte du Gad Bourgeois. Un créneau sur lequel très peu d’agriculteurs belges sont présents. Cultivant déjà du colza depuis plus de 10 ans, Johan y a vu une belle opportunité. En s’auto-formant, en allant chercher des conseils en Suisse auprès de producteurs bio, et puis en investissant dans le matériel adéquat, il a réussi à prendre la main sur sa chaîne de production de A à Z, sans intermédiaire. Le colza est produit sur place, en association avec d’autres plantes pour éviter le recours aux pesticides. Après la récolte, la graine est laissée en dormance pendant plusieurs mois dans les hangars de stockage. Les graines sont ensuite pressées. L’huile n’est pas filtrée mais décantée, avant d’être embouteillée directement sur place. La gamme est vendue à la ferme sur rendez-vous, ainsi que dans des épiceries et magasins.

Pionnier du non-labour intégral en Belgique depuis près de 30 ans, Johan n’a cessé de perfectionner ses pratiques pour éviter au maximum de toucher à son sol. Équipé du matériel nécessaire, il sème en direct son blé, son orge, sa féverolle et son colza, en fonction des conditions de l’année. Pour les cultures de printemps, il s’en tient à un TCS (Techniques Culturales Simplifiées) léger. Cette approche lui offre de nombreux avantages en augmentant le taux de matière organique, en solutionnant le problème de battance et en réduisant le temps de travail.
Johan accorde une grande importance à cet aspect. Il veut impérativement avoir du temps libre à consacrer à sa famille, à la pratique d’autres activités comme le trail qu’il affectionne particulièrement et à l’organisation d’événement autour de ce sport. C’est aussi dans cette optique globale de bien-être qu’il a décidé d’arrêter certaines cultures trop liées aux contrats.
Au fil des années, Johan a fortement réduit l’usage des intrants chimiques. Ses pratiques se veulent ultra-raisonnées. Mais passer à la certification bio l’obligerait à remettre en cause le non-labour, faute de solutions face au désherbage. C’est avec cet aspect à l’esprit que Johan continue d’expérimenter, en développant le désherbage mécanique à l’aide d’une nouvelle herse-étrille. Il envisage aussi d’aller plus loin dans la couverture des sols. Et il a déjà développé l’association de son colza avec d’autres plantes pour profiter de leurs effets et réduire les pesticides.
D’autres idées le motivent aussi : le développement de l’agroforesterie, l’utilisation de macérations et de thés de compost, ou encore l’adaptation plus poussée de sa rotation face aux changements climatiques. Le choix de nouvelles cultures est également motivé, comme pour le soja, par les aspects agronomiques positifs et par la perspective de pouvoir conserver la main sur la filière. Fort de cette maîtrise des chaînes de production et de commercialisation, ainsi que de sa réduction des coûts (moins d’intrants, moins de travail du sol), Johan a rendu sa ferme plus solide économiquement, plus autonome et plus résiliente face aux aléas.
Ces dernières années, Johan Baland s’est de plus en plus impliqué dans le partage de connaissances et d’expériences. Dans l’optique d’apprendre mais surtout dans celle de transmettre son propre bagage. Bien conscient des difficultés de se lancer dans de nouvelles pratiques et de s’autoformer, il veut aider d’autres agriculteurs à réduire les risques et à avancer plus vite. C’est notamment pour cela qu’il a décidé de s’engager de façon active chez Terres Vivantes.
Fiche D’identité
Sur rendez-vous uniquement