Le GAEC de la Fenache

Description
Ludovic et Estelle Merlant ont le goût de l'aventure et de l'innovation. Lorsqu'en 2004, Ludovic s'associe avec ses parents, le GAEC de la Fenache entre parfaitement dans le moule des fermes laitières classiques. On y trait une centaine de vaches de race holstein selon un système conventionnel avec une alimentation maïs/herbe. En 2011, les parents de Ludovic prennent leur retraite et Estelle s'installe sur la ferme. Le couple poursuit le modèle existant durant quelques années.
Mais progressivement, Ludovic et Estelle ressentent le besoin de changer de système. Celui en vigueur exige beaucoup de main d'oeuvre et de matériel, alors que la rentabilité s'essouffle. Pas question pour eux de subir la pression liée aux investissements, à l'endettement, à la croissance du troupeau. Ils recherchent une meilleure qualité de vie, une valorisation plus importante de leur travail et une autonomie plus marquée.
Au fil des lectures, des voyages et de formations au pâturage tournant dynamique, leur nouveau projet prend forme. Et le changement sera radical ! En quelques années, inspirés par le modèle néo-zélandais aussi en vigueur au Pays de Galles, Ludovic et Estelle se séparent de leurs vaches allaitantes, implantent en herbe les surfaces auparavant dédiées au maïs (50 hectares), découpent leur parcellaire idéalement regroupé autour de la ferme pour y travailler en pâturage tournant dynamique 100% herbager et passent en bio.
Dans un premier temps, ils insèrent une septantaine de vaches Kiwi Cross. Mais la décision est rapidement prise d'accélérer les choses car les holsteins ne s'adaptent pas aux ambitions du couple d'éleveurs. Cap vers un troupeau 100% kiwi avec des effectifs qui atteignent 230 vaches laitières en 2025. L'adoption de ce nouveau croisement permet à Ludovic et Estelle de mettre en oeuvre l'intégralité de leur plan : non seulement, les kiwis sont parfaitement adaptées à la valorisation de l'herbe en pâturage tournant dynamique, mais elles permettent aussi de passer à un modèle de monotraite (une seule traite par jour au lieu des deux traditionnellement en vigueur) et de vêlages groupés de printemps.
Aujourd'hui, le GAEC de la Fenache présente d'excellents résultats économiques malgré des performances moindres par vache, grâce à des coûts de production plus réduits (matériel, alimentation, frais vétérinaires, etc.) et à un lait de meilleure qualité vendu plus cher à une laiterie bio. Les revenus de Ludovic et Estelle se sont donc maintenus, mais leur temps de travail, lui, a diminué ! Tout profit pour la vie de famille et pour d'autres activités.

En quelques années, Ludovic et Estelle Merlant ont fait du GAEC de la Fenache une ferme laitière hors du commun. Ils n'hésitent jamais à parler de leur expérience et de leur modèle en toute franchise et en toute transparence. Non pas dans le but de faire la leçon, mais dans l'optique d'inspirer d'autres transitions du même type dans des fermes laitières. A ce titre, ils entrent parfaitement dans le programme de Fermes Phares Agroécologiques de Terres Vivantes. Visiter leur ferme a d'ailleurs déjà suscité des déclics pour plusieurs autres éleveurs, qui ont entamé de gros changements chez eux !
En parallèle, le couple cherche encore constamment des façons d'améliorer son système. Un très gros travail a été fourni au niveau du pâturage tournant dynamique. Les 144 hectares de la ferme ont ainsi été divisés en 43 paddocks de 2,2 hectares en moyenne, sur lesquels les vaches ne restent qu'un temps limité. La taille de ces parcelles convient au nombre d'animaux qui composent le troupeau et aux cycles de pousse de l'herbe. Mais se lancer dans un tel découpage demande de bien réfléchir aux meilleurs outils pour optimiser son utilisation. Ludovic et Estelle ont donc pensé dans les moindres détails aux meilleurs fils de clôture (et il y en a des kilomètres !), aux chemins d'accès, aux abreuvoirs, etc.
Ils sont aussi très attentifs à la préservation et à l'amélioration de la biodiversité dans la ferme, dans une optique gagnant-gagnant : pour eux, travailler sur cet aspect permettra à coup sûr d'améliorer les rendements et donc la rentabilité.